Mésaventure en croisière.
Ce n’est pas bien, mais à chaque fois que j’entends sur la VHF, qu’un voilier est en panne de moteur, je me pose des questions sur les capacités de son skipper !!!
Le 4 Août 2009 à 18h ; de retour de Porquerolles, en direction de la Ciotat, la fin d’après midi s’annonce bien. Nous venons de passer le cap Sicié avec une brise très faible et tournoyante, donc au moteur. Comme d’hab., par beau temps. Nous sommes à la hauteur des Embiez, proche de la tourelle des Magnons. Alors que, jusqu'à présent la mer était d’huile, je vois une houle d’ouest arriver sur nous, annonçant un petit coup de NW. Comme nous ne sommes pas pressés de rentrer chez nous, à Saint Chamas sur l’étang de Berre, je décide de passer la soirée à Sanary sur mer.
Sur le 9, j’appel la capitainerie afin de demander une place pour la soirée. Après quelques minutes, la capitainerie nous rappelle. "pas de problème nous vous attendons"
Je n’ai pas le temps de raccrocher le micro que j’entends le moteur ralentir et s’arrêter. Aussitôt je demande à ma fille qui est sur le pont, si, c’est-elle qui a arrêté le moteur. Réponse "non, je n’ai touché à rien".
Je sais que je n’ai plus beaucoup de gasoil, mais d’après mes calculs il doit en rester 50 litres environ (La jauge Volvo est forte imprécise sur ce sujet).
Pas de problème, j’ai 30 litres dans les coffres en réserve. Je les mets dans le réservoir. Je réamorce la pompe à carburant et j’appuis sur le bouton du démarreur. Une fois, deux fois, le moteur tousse mais ne démarre pas. Je réamorce et démarre le moteur X fois, rien. Nous sommes en panne.
En même temps, comme nous venons de virer, le petit mistral est maintenant vent de travers, je demande à Nathalie, ma fille, d’établir les voiles pour aller tranquillement au port.
Pendant ce temps je commence à démonter le décanteur, les tuyaux de la pompe, tout le circuit, je cherche la panne, le tout dans une atmosphère surchauffée par cette fin de journée et par le moteur. Mais rien ! Je ne trouve rien d’anormal, sauf que le gasoil ne veut pas sortir de la pompe.
Au bout d’un certain temps, je rappelle la capitainerie pour leur expliquer la raison de notre retard. Sur le fait, je demande à ma fille si nous approchons du port et là, elle me répond "papa, il n’y a plus de vent, nous sommes complément arrêté!!!"
Pas dégonflé ! Nous mettons l’annexe et son petit 2CV à l’eau dans l’espoir de remorquer le bateau pour parcourir le demi-mille qui nous sépare de l’entrée du port.(mortel l’idée !!!)
Là, je comprends pourquoi mon voilier est équipé d’un gros moteur. J’ai l’impression que l’annexe cherche à remorquer un cargo. Rien ne bouge.
Ne voulant pas appeler le cross (aucun danger immédiat ne nous menace) j’opte pour rappeler la capitainerie pour leur demandé s’ils peuvent venir nous remorquer. C’est la fin de journée, ils ont beaucoup de travail, la réponse est "non"
Il est bientôt 20 heures, la baie est presque vide de toute embarcation, le thermique est complètement tombé et le moteur boude. Au loin j’aperçois un gros Zodiac avec un couple et des enfants qui s’amusent à se faire tracter sur un engin gonflable.
Nous leurs faisons de grands signes pour attirer leur attention. Après quelques minutes, ils se dirigent vers nous. Nous leur expliquons notre problème. Très gentiment ils acceptent de nous remorquer et rappellent le port (à première vue, ils connaissent très bien la capitainerie).
A l’entrée du port, le bateau de service nous attend et les deux bateaux nous aident à nous amarrer au quai. Nous remercions chaleureusement nos sauveteurs et verrons la suite le lendemain matin, à la fraiche.
Lendemain matin…
J’ai mal dormi à force de retourner le problème dans tous les sens, et de voir arriver une note salée. Enfin….
Ne trouvant absolument rien d’anormal dans le circuit, je finis pas soupçonner la pompe. J’appelle mon Ship habituel et lui demande le prix d’une pompe Volvo. En même temps je lui demande s’il peut me passer un technicien de l’atelier afin que nous puissions échanger notre point de vue sur cette panne."
Il me propose avant de changer la pompe, d’intercaler dans le circuit, une poire d’amorçage en caoutchouc (modèle que l’on trouve couramment sur les réservoirs de hors bord)
Ni une ni deux, me voilà en train de parcourir Sanary pour trouver ce genre de matériel. Par chance, je trouve la poire et les deux Serflex. Je coupe le tuyau en caoutchouc entre le robinet d’arrêt et le décanteur et remonte le tout. Trop content, je pompe et rien ne se passe. Le gasoil s’obstine à ne pas venir…
Trop fort… il n’y a plus que le robinet d’arrêt que je n’ai pas démonté. Je débranche les raccords et récupère le robinet. Surprise ! Il est complément obstrué par des morves de bactéries contenues dans l’eau de condensation du réservoir. Pour croitre, elles se nourrissent des composés carbonés, en l‘occurrence, le gasoil.
En regardant de plus près le dit robinet, je m’aperçois qu’il est identique à celui de coupure du gaz de la cuisine, et que son orifice en position ouvert, forme à l’intérieur une petite chicane où viennent se bloquer les impuretés. Bonne raison pour avoir un décanteur toujours propre !
Je nettoie et remonte le tout. Un quart d’heure après, j’entends le doux bruit de mon moteur.
En arrivant à la maison je remplacerai ce robinet par une vanne ¼ de tour classique du commerce, à quelques euros et mettrai un bactéricide dans le réservoir.
Eh bien, c’est promis je ne douterai plus des capacités des skippers en cas d’avarie moteur.
Pour Info, Paul B… a eu exactement la même panne cette été entre la Sicile et la Tunisie